top of page

Pensée du jour - reboot à tout va

Alors que je prends mon café, je tombe sur un énième article sur une nouvelle série qu’ABC a décidé de commander le pilote. Le sérivore que je suis est intrigué, alors je le lis. Ce sera l’histoire d’une working girl noire (important à préciser vu que l’article le met en majuscule), mère célibataire, est une sorcière. Elle se marie avec un homme blanc (toujours important car c’est aussi en majuscule), humain et avec un énorme poil dans la main. Les deux protagonistes vont tenter de vivre ensemble malgré leurs diverses origines (noire et blanche – sorcier et humain), leur famille envahissante et vont tenter de garder ce secret magique à leur entourage humain... Tiens, le pitch me dit un truc... Tiens, la jeune femme s’appelle Samantha... Tiens, l’homme s’appelle Darren (Jean-Pierre en VF).... Et oui ! ABC s’apprête à dépoussiérer Bewitched (Ma Sorcière Bien-Aimée) en le « rebootant » et en la mettant à la sauce XXIe siècle, avec certes de différences par rapport à la série d’origine notamment l'inversion des rôles du point de vue de la carrière professionnelle.

Trop, c’est trop ! Après Charmed, Buffy.... Et voilà qu’on s’attaque à Ma Sorcière Bien-Aimée !


Sérieusement, il faudrait qu’on m’explique pourquoi les scénaristes ou les dirigeants de chaînes américaines ont besoin de « black-iser » les anciennes séries qui ont eu du succès ? Tout cela s’est accéléré avec le succès fulgurent de Black Panther. Est-ce pour surfer sur le film ? Est-ce de l’opportunisme marketing pour mettre en avant la population afro-américaine trop souvent cataloguée dans les séries au second plan ? Je pencherai pour un peu des deux. Pourquoi ne pas inventer une série où l’héroïne ou le héros est noir pour faire une œuvre originale ? A-t-on vraiment besoin de préciser la couleur de peau comme l’a fait Deadline, un peu comme si c’était une révolution ?

Pour moi, Bewitched est une série typique des années 60 où l’on voit la caricature de la famille modèle américaine (l’homme macho qui bosse, la femme à la maison), sous le biais de la comédie souvent burlesque. Pour moi, Endora a été ma première héroïne odieuse et sarcastique qui ne voulait que le bien pour sa fille et de ne pas la voir se transformer en femme au foyer humaine reniant ses origines magiques.

Et là, je me suis mis à me refaire la distribution. Endora sera Whoopi Goldberg (si je peux donner des idées...). Larry Tate (Alfred Tate en VF) sera le collègue asiatique de Jean-Pierre. Madame Kravitz sera une porto-ricaine, mariée à un polonais. Et enfin, Tante Clara sera lesbienne.



Bien sûr, les « reboots » ont toujours existé dans l’univers de la télévision, du moins à l’époque, c’était plutôt des suites qui étaient proposées : Mission Impossible, 20 ans après proposée par ABC ou encore La Croisière s’amuse, nouvelle vague (The Love Boat : The New Wave), proposée par UPN. Les Britanniques ne sont pas en reste avec Chapeau Melon et Bottes de cuir (The New Vengers) ou plus récemment Doctor Who (mais contrairement aux autres, la série n’a jamais été annulée officiellement par la BBC, mais simplement mis au repos).Le point commun de ces séries a été de faire une sorte de prolongation de ce qui existait, en gardant une partie ou seulement un ou deux personnages d’origine, histoire de ne pas prendre les téléspectateurs pour des jambons et de garder les fans de la première heure (Jim Phelps, John Steed, etc.). Maintenant, le point de vue est différent : on écrase ce qui a été créé. On fait fi de l’origine. On copie. On adapte pour mieux coller avec les aspirations du moment, histoire d’intégrer les préoccupations idéologiques actuelles. Et c’est ce que je reproche aux divers dirigeants de chaînes américaines. Calquer un synopsis en y incorporant des caractéristiques qui vont plaire à plusieurs franges de la populations afro, LGBTQ+, latinos, etc., en disant « je vous ai compris ! On va mettre des personnages issus des minorités ! ». Je pense honnêtement que ces classes de la population se foutent ouvertement de ça. Ils veulent de l’intégration mais insérer dans de la nouveauté ou alors poursuivre l’existant (les fameux Revivals dont Will & Grace et The X-Files sont les pionniers au XXIe siècle).


Non, vraiment, arrêtons de prendre dans les vieux pots. Créons de nouvelles séries avec des héros sans préciser la couleur de peau ou d’orientation sexuelle et que ce ne soit pas un motif principal de la série. Je pense sérieusement que nous sommes arrivés à un stade où l’Homme n’a plus d’imagination et que les scénaristes sont obligés de pomper allègrement dans la nostalgie pour susciter de l’intérêt aux téléspectateurs en dépoussiérant des séries. Il y a tellement à raconter sans pour autant récupérer de l’ancien. De plus, je pense que derrière ces reboot à tout va, ce n'est pas qu'une question de marketing. Il y a aussi un manque cruel d’inventivité dans les networks américaines, contrairement aux plateformes type Netflix, Amazon et Hulu, ou sur les chaînes du câble. Les networks parient sur la nostalgie quitte à se fâcher avec les acteurs de la série d'origine, sur l’argent facile à récolter avec les annonceurs, ciblant sur les 18-49, tranche de la population la plus importante outre-Atlantique qui n’ont pas forcément connu les séries originales. Je reste persuadé qu’il y a un manque de créativité en ce moment, qu’il est plus facile de pondre un remake que d’imaginer une série novatrice.


Après, le parallèle peut être fait dans le monde littéraire. Les deux univers sont similaires. Il y a tellement de livres qui se ressemblent...

Bref, encore une série que je ne regarderais pas et je vais me faire un autre café pour me calmer...


bottom of page